Inutile d’avoir une boule de cristal pour faire des affaires en bourse !

07/07/2021
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Librement inspiré d’un article de Larry Swedroe, directeur de recherches chez BUCKINGHAM STRATEGIC WEALTH et auteur de nombreux livres sur l’investissement.

Investir en bourse n’est pas chose aisée pour qui n’est pas initié à la chose.

Remontons dans le temps et prenons un cas concret. Nous sommes en 2003. Sophie vient d’hériter de la coquette somme de 500.000 euros. Elle voudrait placer cet argent, mais n’y connaissant rien en la matière, elle demande conseil à son avocat. Celui-ci lui recommande de se mettre en relation avec Catherine, une conseillère en gestion de patrimoine qu’il juge très compétente. Sophie prend rendez-vous, rencontre Catherine, puis une relation de confiance naît de leurs discussions.

La conseillère en gestion de patrimoine établit un plan d’investissement en accord avec sa cliente. Malgré tout, Sophie n’est pas rassurée à l’idée d’investir la totalité de son héritage en une seule fois… Comme tout néophyte, elle trouve cela trop risqué. « Si on était à la veille d’un krach boursier ? se dit-elle. Après tout, le contexte actuel est inquiétant : on entend dire aux nouvelles que l’économie se porte mal, que des usines ferment, qu’une guerre même se préparerait… » Sophie craint donc d’investir en une seule fois tout son héritage et se demande s’il n’est pas préférable d’attendre un contexte plus porteur.

Catherine lui explique alors que même une boule de cristal prédisant l’avenir ne lui serait d’aucune utilité pour gérer son épargne ! Et en effet, si l’on avait pu prévoir le contexte économique de l’année 2003, les investisseurs en auraient grandement souffert ! Le déclenchement de la guerre en Irak, l’épidémie de SRAS ainsi que les déficits budgétaires et commerciaux records, pouvant laisser présager un effondrement du marché s’ils avaient pu être anticipés, auraient justement contribué à freiner l’investissement des épargnants. Or, en dépit de tout cela, l’année 2003 a été excellente pour les investisseurs en actions : les actions américaines ont augmenté de 25%, les actions internationales de 40% et les marchés émergents ont progressé de 70% ! Dans ce cas précis, prédire l’avenir ne vous aurait pas fait gagner d’argent ; bien au contraire, il vous en aurait fait perdre.

Conseiller les investisseurs nécessite à la fois de savoir investir rationnellement mais requiert aussi un peu de psychologie. La plupart des investisseurs ne sont pas rassurés à l’idée d’engager en une seule fois la totalité de leur patrimoine. Il est donc préférable d’établir un calendrier d’investissement et de s’y tenir.

Dans notre exemple, Catherine a donc conseillé à Sophie de lisser son investissement sur l’année entière en commençant par un quart de son héritage puis en investissant un nouveau quart chaque trimestre. C’est une stratégie gagnant/gagnant. En effet, en cas de baisse du marché, Sophie ne subira pas la totalité de la baisse de la bourse, et pourra ensuite acheter les actions à des prix plus attractifs. En cas de hausse du marché, elle y trouvera également son compte car elle en aura partiellement profité, ce qui n’aurait pas été le cas si elle n’avait pris aucune décision. C’est donc une stratégie à la fois rassurante et efficace.

L’investissement en plusieurs fois à déjà fait ses preuves depuis de nombreuses années. Il vous permet de ne pas investir « au plus mauvais moment » puisque vous n’investissez pas « tout d’un coup ».

Pour investir de manière raisonnable et performante, il ne faut donc pas tenir compte du contexte économique car, comme nous l’avons constaté dans notre exemple, il ne présage en aucun cas l’évolution des marchés financiers. Il est même bon de privilégier l’investissement en plusieurs fois qui permet d’écarter mauvaises prévisions et regrets.