Renoncer au dividende fait-il des actionnaires des êtres socialement responsables ?

07/07/2021
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Article initialement écrit le 15 Avril 2020

En ces temps de récession où les entreprises naviguent à vue, espérant vaille que vaille une fin rapide à la situation causée par le Coronavirus, nombreuses sont celles qui renoncent au versement du dividende annuel. Il faut dire qu’en France, le ministre de l’économie Bruno Lemaire a fortement insisté sur le fait que les aides de l’Etat ne seraient pas octroyées aux entreprises qui verseraient un dividende.

  • Alors, peut-on dire que les entreprises qui renoncent à l’octroi d’un dividende sont des entités socialement plus responsables ?

Vu la situation actuelle, ce non-versement semble des plus logiques, aussi bien aux yeux des actionnaires que pour les entreprises, pour leur permettre de traverser cette crise tout en préservant leur capital et en conservant du cash à utiliser efficacement lors de la reprise économique.

Saluons également la pression exercée par l’Etat dans ce sens car en réalité, lors de la crise de 2008, la majorité des entreprises ne s’étaient pas gênées pour distribuer des dividendes afin de rassurer leurs actionnaires. Comme quoi tout change.

  • De manière générale, l’actionnariat est-il socialement plus responsable qu’auparavant ?

Il existe des tendances globales qui poussent vers une économie plus verte, les actionnaires, comme le reste de la population n’échappent évidemment pas à ces considérations à long terme.

De plus, la plupart d’entre eux ont compris qu’investir dans des entreprises qui ne négligent pas le côté « durable » est une stratégie nécessaire dans un marché qui rebondira mais ne laissera pas indemnes les entreprises les moins bien préparées.

Ainsi plus que jamais, il est primordial pour les entreprises de construire une vision claire à long terme et qui dit long terme dit durabilité. Dans cette dynamique, le respect des normes ESG (environnementales, sociales et de bonne gouvernance) n’est pas tant vu comme une idéologie ou une contrainte à respecter mais comme un investissement profitable sur le temps long.

Ce qui sied aussi bien aux investisseurs « spéculateurs » qu’aux actionnaires consciencieux. Dès lors, profitabilité et durabilité sont réunis pour former un ensemble où les intérêts, qui autrefois pouvaient diverger (profit vs. «respect du monde»), se complètent aujourd’hui à merveille et ce dans de nombreux secteurs, créant un cercle vertueux.

A titre d’exemple, Schneider Electric, coté sur le CAC 40 et qui crée des produits de gestion automatisée de l’électricité, fait partie des entreprises françaises qui ont le mieux intégré cette « sustainability » (terme que le patron de Schneider, Jean-Pascal Tricoire adore répéter), dans leur business model, cela bien avant la conscientisation écologique qui a court actuellement.

Dans ce cas précis, il ne s’agissait pas d’une mode mais bien d’une conviction de la part de la direction de l’entreprise. Cette vision a entre-autre permis à l’entreprise de réduire sa production de déchets, d’assurer une meilleure traçabilité de ses inputs, minimisant ainsi ses coûts et augmentant la qualité de ses procédés.

Son parcours boursier sur les cinq dernières années confirme d’ailleurs l’efficacité des mesures mises en place, surperformant largement l’indice CAC40.

Ainsi, d’un point de vue général, le système financier prend doucement conscience que la profitabilité de ses investissements passe aussi par leur « durabilité ». Certains y verront un énième pragmatisme boursier, pour d’autres c’est là un encouragement supplémentaire vers un monde plus responsable.

Gardons néanmoins à l’esprit que quelques soient les convictions écologiques profondes des investisseurs, il reste peu probable que ceux-ci investissent dans une entreprise durable qui ne serait pas rentable pour leurs finances personnelles.

Ces informations ne constituent pas une incitation à l’investissement ou une garantie de performances futures. Elles reflètent les opinions exprimées par les collaborateurs de Prominis et sont basées sur des sources jugées fiables mais leur exactitude ou exhaustivité ne peut pas être garantie.